LE TOUR PARFAIT
Depuis que l’on a accès aux séances chronométrées du Championnat Américain de Supercross, nous pouvons vraiment apprécier le travail des meilleurs pilotes du monde dans la recherche du moindre millième de seconde et réaliser des tours parfaits.
Beaucoup de ceux qui ont roulé sur un circuit de motocross ont connu ce genre de feeling du « tour parfait ». Un tour durant lequel, sans savoir pourquoi, tout se passe bien. Le freinage est propre, bien en ligne, vous faites une superbe entrée dans cette ornière profonde qui tourne à droite, votre guidon vient lécher le sol tout en maintenant un filet de gaz, vous ressortez de cette ornière en douceur, les deux pieds sur les cales pieds, les yeux rivés sur la table qui approche à une vitesse qui vous laisse penser pourvoir tenter un amorti … Ça passe là aussi, comme par magie, vous êtes en osmose avec votre machine, rien ne vient perturber ce tour que Dieu semble vouloir vous offrir. C’est franchement le bonheur !
Seulement voilà, combien de fois cela arrive ? C’est un peu comme un rêve que vous aimeriez refaire sans pouvoir y arriver. Il y a tellement de paramètres qui entrent en compte en Motocross et Supercross qu’il y a bien souvent un « truc » qui foire sur un tour qui oscille en 1 et 3 minutes. Le tour suivant, le freinage est moisi, vous vous prenez un trou qu’il n’y avait bizarrement pas lors du tour parfait, qui vous fait guidonner, louper le frein avant et bloquer la roue arrière pour finir en travers. Du coup vous loupez la superbe ornière et vous vous retrouvez dans une vase collante.
Une fois décollé de ce bourbier en poussant à côté de la moto, vous vous dit es que peut-être l’amorti est une nouvelle fois possible et que ce qui vous arrive dans ce tour moisi n’est dû qu’à ce méchant trou au freinage. Sauf qu’avec les bottes pleines de boue et ces cales-pieds aux dents arrondies, votre pied glisse sur l’appel de la table. Vous gérez comme vous le pouvez et la réception s’effectue en nac-nac. La foule (en délire) vous applaudit pour ce contrôle et vous repartez le couteau entre les dents pour foncer au paddock vous réfugier dans le fourgon et fermer les porte à clé pour éviter qu’on vous dise:
– « Wouah, t’as eu chaud tout à l’heure ! »
– « Moi ? T’es sur que tu ne t’es pas trompé de pilote, je ne me souviens pas … J’ai fait un tour parfait »
– « Si si je suis sur, tu nous as bien fait marrer à pousser ta brêle dans la boue. »
– « Et mon tour parfait ? »
– « Ah non désolé, j’ai pas fait attention »
Comme bien souvent, plus c’est propre moins ça impressionne le copain de classe qui vient vous voir pour la première fois, une canoche à la main …
Les pilotes pros ont cet avantage d’avoir régulièrement des tours parfaits tandis que le pilote amateur qui roule 7 fois dans l’année n’en connaîtra que deux dans sa carrière. Villopoto, Stewart et consorts sont capable de rassembler tous les éléments, toutes les techniques de pilotage pour réaliser un tour parfait sur des circuits ultra compliqués et rythmés comme pas possible, quasiment quand ils le veulent. Peut-être qu’ils vivent dans une autre réalité, une autre dimension, qu’ils sont aidés par des êtres supérieurs ! (??) Non ? Ils n’ont personne ? Etes-vous sûr ? Parce que moi quand j’essai, ça ne marche pas souvent …
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