L'esprit UFOLEP
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Dimanche matin 7h00 : c'est bon, c'est maintenant; Ca fait plusieurs mois que j'attends ce moment.
C'est l'ouverture du championnat de Bretagne UFOLEP 1995. Comme tous les ans, c'est l'excellent club de Mernel qui s'occupe de l'organisation.
Je me réveille tranquille malgré la soirée arrosée de la veille. Mes 5 potes, même s'ils auront du mal à passer les qualifs à la journée, sont aussi nerveux et motivés que moi.
J'ai la caisse, ma yam 250 est au top, des amis ont « sacrifié » leur dimanche pour venir m'encourager.Je pointe ma licence et découvre la liste des différentes séries de qualifications.Pas de bol, les 8 premiers du dernier championnat se retrouvent dans la même manche.Pas grave j'ai 19 ans, j'ai les chicos qui traînent par terre. Les trentenaires Versabeau « le rouquin », Pape « le breton », Bordeau « Bradshaw »Tanguy, Jeanne, Mény et Cie ne me font pas peur.
La course (the Race pour les plus jeunes) commence, je me qualifie tranquille.
Je suis pépère jusqu'à la finale de 18h00.Ca discute, ça branche terrible dans le parc coureur, où tous les mécanos sont à la binouze ou au rouge qui tâche. Mais l'heure approche, et il faut rejoindre la pré grille où nous attendent deux jeunes femmes (pas toujours commodes) , le directeur de course toujours vêtu de son blouson Camel jaune* et le petit moustachu* habillé comme tous les dimanches avec sa cotte rouge.
Quelques temps plus tard la grille tombe. Comme à son habitude, Alain fait le holeshot sur son 500 CR; et comme à mon habitude, je me loupe totalement et vire mid pack au 1er virage. J'entame ma remontée, et après 10 min je me retrouve au cul d'une file indienne dirigée par le Rouquin Mayennais (archi favori de l'épreuve). A ce moment, je me demande pourquoi Alain n'a pas pris le large, puisqu'il est plus rapide que toute la bande de copains. Peu importe, je me rapproche tout près de cette chenille à huit roues, et constate alors que le père Alain est crevé de l'arrière. Tout bon pour moi, on est à 4/5 tours de l'arrivée et au bout de la ligne de départ Michel Mény (coiffé de son légendaire casque Jet) et ses compagnons de chasse prennent la même ornière que la grosse 500 (qui bouchonne sévère); J'en profite pour faire l'extérieur et dépose « fingers in the noise » la folle chenille. Yes, c'est la fête. Même si dans cette finale personne ne marque de point, ça me met vraiment la confiance pour cette saison à venir. Tellement, que je prends le large rapidement (merci Alain d'avoir bouchonné ainsi avec ta crevaison).
Je suis sur un nuage, je suis le plus beau, le plus fort, le plus jeune, mon oncle et ma tante sont aux anges, ma cop' (mon ex maintenant : ) ) est ravie.
On m'indique le panneau 1T et là................ Je me ramasse lamentablement.
Quel con!
Bon finalement, je repars vite fait et finis en vainqueur malgré le retour fulgurant de Thierry Jeanne (le normand) qui me mettait plus de 3 secondes au tour.
Bonheur!!!! C’était ma 1ère victoire (avec la chance OK) en Trophée et je me la remémore plus de 11 ans après, comme si c'était hier.
J'ai lâché l'affaire, depuis une dizaine d'années. J'ai des souvenirs plein la tête, à tel point que je suis capable d'écrire l'équivalent de l'annuaire des PTT du 75.
Aujourd'hui ça me démange à nouveau. J'ai toujours un 250 Suz 2001 dans le garage et je me demande si je ne devrais pas reprendre une licence l'année prochaine.
Mais pourrai-je à nouveau revivre de tels moments???
Bon pour les résultats, je sais que c'est fini, les jeunes sont bien plus véloces, rapides, et doués que moi.Mais pour l'ambiance, l'esprit, le respect des bénévoles, la camaraderie, les barbecues, l'apéro du samedi soir etc... etc.... etc......
Qu'en est-il aujourd'hui???
Sur ce que j'ai vu ou entendu, les mecs ne viennent plus avec la remorque et l'igloo, ils ont pour la plupart des camping-cars.Ils roulent avec de bonnes brêles, sont fringués comme des patrons de bordel, boivent de l'isotar (ou du rebull )etc...etc...etc...
Il paraît même que certains subissent des contrôles anti-dopage...MDR.
Suis-je nostalgique, vieux con (malgré mon jeune âge), ou tout simplement aigri???
Nostalgique certainement, con peut-être, mais pas aigri.
Je fais juste le même constat que vous. Tout a changé. Le 4 temps est arrivé, provocant une hausse significative des prix (même l'augmentation du Yen au début des années 90s avait fait moins mal). Et je crois que c'est çà qui m'agace le plus.
Ils (Fédé/constructeurs) ont réussi à nous imposer leur moteur à soupapes, (grâce à l'équivalence injuste des cylindrées). Ils ont tout simplement embourgeoisé le cross amateur.
Le cross Ufolep a évolué comme le cross national ou mondial, mais perso, je pense que l'on ne va pas dans le bon sens. On critique sévèrement le gros Luongo pour sa politique de gestion du MX1/MX2, mais il me semble que la FIM et les importateurs sont totalement responsables de la flambée des prix et de l'inquiétante descente aux enfers du cross amateur.
Allez, je vous laisse tranquille avec mon billet d'humeur et vous souhaite malgré tout une belle saison 2007. En espérant que Talensac soit inscrit au calendrier, que certains d'entre vous iront représenter fièrement l'Ufolep lors de quelques cross FFM, et surtout que le niveau reste le même en Bretagne,
Comme disent certains « Bon Ride ».
A bientôt pour une intervention plus optimiste.
Y.A
*hommage à ces 2 personnes décédées aujourd'hui qui sacrifiaient tous leurs week-end pour notre sport.
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